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  • : Bienvenue sur Concerts-Review, le blog des critiques de concerts. Nous mettons en ligne quelques critiques subjectives des concerts auxquels nous assistons. N'hésitez pas à nous contredire à travers vos commentaires.
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12 mai 2024 7 12 /05 /mai /2024 15:06
Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024

 Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024

michel

Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa... Joe, t'exagères, de la Place de la Cloche à la place Le Pommelec, tu comptes au maximum 5', même si les quais sont encombrés!

Le temps de boire un truc, de saluer un dandy monkey à la sono, et Dear John est sur scène.

Non, pas Taylor Swift, Binic n'est pas la Défense Arena, le cachet de la superstar devrait permettre d'organiser le festival pendant au moins 20 ans.

Chose étrange, Dear John, ce sont quatre filles, qui ont décidé de faire du bluegrass, comme dans les Appalaches, il y a un siècle.

Anaëlle Trumka (fiddle, vocals) - Morgane Labbe (double bass vocals) - Léna Rongione (banjo, vocals, flatfoot dancing) - Valentine Lambert (guitar, vocals), sont les membres actuelles d'un combo créé il y a quatre ans.

Anaëlle Trumka ( ou Anahïta Trumka) de Paris, sévit au sein de Iko Iko Blues et se produit sous son nom, Morgane Labbe de Rennes est citée chez Les Bubby Mayse et Les Pieds dans le Bal, Valentine Lambert, de Chartres, émigrée à La Rochelle , se produit sous son nom et l'émule de Fred Astaire, Léna Rongione, de Rennes, joue avec The Sugar Family, Naowel et Bow Knee and Claw.

Bonsoir Binic, on commence avec une histoire de cowboy ( elles n'ont pas mentionné John Wayne), ' Something Above Our Head' , le fiddle caracole, la contrebasse et l'acoustique assurent le tempo,  Anaëlle s'occupent des lead vocals, les copines se chargent des backings.

Tout baigne, puis quand le banjo se lâche,  ta voisine, déjà corrompue, bat le sol du talon, un mouvement brusque la voit déverser sa mousse sur ses dancing shoes du vendredi.

Elle a émis un 'Shit' qui n'a rien à voir avec la weed.

Les voix entonnent un bourdon, puis Valentine entame ' Good  Ol' way' au chant.

Les premiers yeehaws fusent quand la mutine Léna se paye une séquence de tap dancing fougueuse.

'Dear Maggie' is a poor little girl souffrant d'un chagrin d'amour, qu'il faudra noyer dans la boisson.

Tu le sais l'alcool réduit l'inhibition, visiblement les filles sur le podium  ne sont pas coincées.

Face à la scène, l'ambiance est montée d'un cran.

Le 'Boll Weevil' (anthonomus grandis) cause des ravages dans les champs de coton,  même Eddie Cochran a chanté les méfaits de cet insecte, à Binic c'est Anaëlle qui a fait impression en entamant une séquence de yodel, à faire pâlir toutes les Tyroliennes du coin.

On quitte la Virginie, John Steinbeck et  Bernard-Marie Koltès,  pour s'entretenir de sororité, un sujet pas vraiment actuel  aux USA dans les années 30. Voilà,  'Sisters' , une romance country.

Les ( fausses) soeurs  abandonnent leurs instruments, se placent à quatre derrière un micro vintage et proposent, a capella, une suite de gospels, 'When I wake up' ( to sleep no more) et ' Bring Me Little Water, Silvy', attribué à Leadbelly.

Les filles ont fait grosse impression en battant des mains et en se frappant les cuisses et la poitrine, pour chanter en  harmonies divines.

'Four Spirits' et son fiddle fougueux n'a pas calmé l'enthousiasme de l'assistance, ' Greasy coat' , déniché dans les Appalaches ,  a mis le feu.

Morgane amorce ' Cumberland gap' , un col célèbre pour les combats s'étant déroulés  dans le coin pendant la guerre de Sécession.

Valentine: la suivante  a été écrite par mon papa dans les eighties , si la setlist mentionne ' Lost Star', la guitariste a annoncé  'Every night, every day'.

On grimpe tous dans le steamboat sur le Mississippi,  vitesse annoncée 3 noeuds  en une heure, si tout va bien, ' Roll on muddy river' .

 Ai comme l'impression que je ne verrai pas dans l'immédiat le bébé qui m'attend dans le Tennessee.

Voilà le voyage se termine, this is our last song, ça tombe bien, elle s'intitule ' Last song'.

Une composition allègre, dont le couplet est repris par la foule. Les filles ont eu la bonne idée d'introduire 'Will the circle be unbroken ?' dans les lyrics , ce qui nous ramène vers le fabuleux Nitty Gritty Dirt Band qui avait enregistré le titre sur l'album du même nom ( 1972).

Ce concert tonique donné par des virtuoses, toutes dotées d'une voix radieuse, demande un bis.

OK, si vous bricolez une chenille!

Marie- Thérèse agrippe ta conjugale, tu prétextes un accès soudain de rhumatismes, elles embrigadent 79 volontaires, c'est parti en farandole jusqu'au port, tandis que Dear John balance le medley 'Worried man blues' / ' I saw the light' .

No more darkness, no more night, le Seigneur a entendu nos prières!

Euphorie générale et une dernière a capella, 'Timber Bridge'.

Nota Bene: Dear John a lancé une campagne de financement destinée à enregistrer un nouvel EP.

 

 

 

 

 

 

Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024
Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024
Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024
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11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 14:11
Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024

 Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024

michel

 

Après bien des péripéties , La Morue retrouve son cadre initial, le port de Binic.

Du 9 au 12 mai, tu peux non seulement déguster des accras, admirer des rafiots, fabriquer des cordages, traire des goélands, assister à des conférences, te cultiver en visitant le musée, te débarrasser de tes gosses en les envoyant sur la grande roue, chanter avec les marins, te taper des coups de soleil, déambuler avec des fanfares,  boire avec plus ou moins de modération et....  écouter de la musique.

Arnaud du Chaland qui Passe, toujours aussi actif, a installé un podium sur la Place de la Cloche où plusieurs groupes sont programmés, avec quelques fois des surprises pour la scène ouverte, car ce soir Pandapendu a répondu à l'invitation de son copain.

Pandapendu en formule réduite car si Grégory et Thomas sont bien présents, ils se contentent de picoler à l'aise en terrasse en laissant Yann se débrouiller tout seul avec sa guitare et ses machines.

Casquette vissée sur le crâne, le panda barbu, gratte quelques accords de guitare, la sono envoie les bandes lui permettant d'interpréter ' Vaporise' , un titre brumeux , dispersant de fines gouttelettes de dream pop éthérée.

... I'm the one with lipstick on... chantonne -t- il pour introduire '  l'Ange' , ce ne doit pas être Francisco Pino Farina, alias l'Ange Blanc, le catcheur ne se maquillait pas.

Il délaisse la guitare pour entamer 'Ruskov' le titre préféré des Platters,  à cause de la fumée dans les yeux.

Le public, au départ  pas très impliqué, commence à se trémousser et admire la voix de crooner velouté du nounours.

' Falling in love with you' et son petit côté Korgis  a ému madame qui a souri en entendant le tube irrésistible   ' Pyjama' .

Sur le premier EP, ' My tragi-comic mystery'  est idéal pour danser le tango synthétique .

Puis vient le titre en accord avec la météo, ' L'été' / ' Summertime' , moins carefree que ' In the summertime' de Mungo Jerry, mais idéal pour inviter ta petite amie à danser le slow.

Flotter en apesanteur entre 'Paris ( et) Londres' , c'est possible en écoutant Pandapendu.

C'est fun, un panda qui danse tout seul, pas tout à fait comme Gene Kelly mais presque aussi bien que Baloo.

Voilà ' Fajitas & parasol'  , il  met le texte en pratique ... je descends dans l'arène... et quand un panda sort de sa cage, t'as intérêt à faire gaffe, il n'est pas à une fantaisie près...  flatter la joue d'une jeune fille, pincer un nez, draguer une mamie...

Il y a un drame à l'horizon,  susurre le petit ursidé,..  I get so lost in your game... , finalement, elles sont   fragiles, ces petites bêtes!

Binic, c'est la dernière,  je tire ma ' Révérence' .

Polisson, le clown triste,  quitte le podium, s'approche de Madame Martin, lui prend la main et l'entraîne pour un pas de danse,  qui a fort amusé Monsieur.

 

Pandapendu en solitaire,  sans Thomas et Grégory,  peut surprendre , mais  le côté doux rêveur  et la voix enchanteresse de Yann  rendent la formule plaisante.

 

Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024
Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024
Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024
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11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 09:00
Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024

 Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic Blues Festival, le 9 mai 2024 

michel

Edition 16 du Trieux Tonic Blues Festival, du 9 au 11 mai, Lézardrieux et les communes proches, vivent à l'heure du blues.  Des concerts gratuits dans les bars et le jeudi, salle Georges Brassens , de gros noms le vendredi et le samedi, avec, e a , Elliott Murphy et Boney Fields,  pas de quoi broyer du noir!

15:10, en voiture, direction La Cambuse à Kermouster, un endroit idyllique avec vue sur l'embouchure du Trieux et sur  l'île de Bréhat. 

Après quelques démêlés juridiques, le bar-épicerie  revit et attend le duo Alex Mirey & Little Chris sur sa terrasse.

Les amateurs de blues de la presqu'île de Lézardrieux et de bien plus loin, on a vu un gars de Bled ( Slovénie) et un autre, très sobre, venant de Bourré (Loir-et - Cher), sont venus en nombre et comme tous les sièges avaient été rapidement pris d'assaut, ils étaient des dizaines à suivre le concert depuis la rue ou depuis la prairie,  avec vue sur les flots bleus ( ce n'est pas un camping!).

Little Chris ne mesure pas un mètre 90, il arbore une casquette de prolétaire et manie la six cordes avec dextérité,  son copain, le Normand Alex Mirey, assis à 50 cm de lui,  a droit à deux guitares , on a admiré une Ibanez flamboyante.  Il s'est fait piquer ses santiags par un copain de Renaud  et c'est donc pieds nus qu'il frappe du talon sur une planche en bois, sous laquelle se cache un système d'amplification rudimentaire,  les orteils  s'activant sur un pédalier basse, histoire de rythmer leur blues.

Tu veux davantage de détails biographiques, tu relis la chronique de Pascal qui les a croisés à Art Bist'Rock en 2022.

Un seul enregistrement officiel, l'EP ' Toad' de 2019, un vinyle introuvable a été gravé lors d'une prestation au Brin d'zinc à Bernay.

Pas de setlist en vue, mais un cahier  contenant une centaine de feuillets, reprenant les compositions du duo et une ou deux reprises, si tu veux des titres, tu prends contact avec Alex.

L'instrumental  ( très Tony Joe White), utilisé comme soundcheck  laisse d'emblée  entrevoir de belles perspectives  et avant d'entamer l'exercice, Alex décide de dédier le concert à Denis Cook, le leader de Blues Power, décédé il y a quelques jours.

Un premier titre ( ? Slow Down?)  joué laidback, à la JJ Cale,  est lâché, la voix est rêche, les riffs des guitares  sont bruts et énergiques.

Le midtempo ' Pull those strings' nous conforte dans le sentiment d'avoir face à nous des gens qui connaissent leur job et le pratique avec enthousiasme.

Little Chris régale l'assistance d'un solo lyrique en mode Gary Moore,  tu te mets à tracer un parallèle avec le blues pratiqué du côté de Gand par Guy Verlinde , un gars appréciant les chemins poussiéreux et les moustiques sévissant dans le Delta de l'Escaut.

'You used to' adopte un rythme plus soutenu, la rhythm guitare bien   sèche faisant écho à une lead fluide.

D'une voix granuleuse, Alex amorce ' Are you lost'  , suivi par 'Bodily Comfort'  qui n'est pas une pub pour l'Oréal, mais un blues rugueux et fébrile aux relents Bo Diddley.

La wah wah rugit jusqu'au coup de frein intempestif  qui termine la plage.

Alex ramasse  l'Ibanez , passe un cylindre autour de l'annulaire, c'est parti pour un long instrumental qui se fond dans un morceau lent  nous invitant .... to get ready for the future.

Comme le futur est derrière toi,  t'as décidé d'avaler une Britt.

Je caille, clame Chris, alors que  la t° au soleil dépasse les 20°, j'enfile un sweat.

Son copain balance quelques accords sonnerie de  grelots, la casquette nous concocte un nouveau solo lumineux...one of these days I will go away... grogne la voix, les pieds battent le bois avec fureur,  la wah wah résonne jusque dans l'Essonne. 

Encore une pièce bien torchée.

Après un country blues,  accompagné aux fingersnaps par Josselin,  qui a réussi à gêner un couple de mouches en train de copuler, Alex annonce ' Dead man walking' ( sur l'EP le titre, au tempo soutenu,  sonne 'Walking Man') .

Sean Penn a adoré le morceau , le gars se dirigeant vers la chaise électrique un peu moins.

'Hitchhiker ' , quand il pleut, c'est la galère, aujourd'hui ça va, mais comme il passe une vieille Ford toutes les cinq heures sur cette route perdue, on lui souhaite bonne chance.

Feuille 18,  intro en arpèges mélodieux,  suivie d'une séquence agressive, puis retour au calme  pour placer un solo à la Peter Green,  qui joue pour les anges, là-haut in the sky.

'Shy man' , ' Countryside' , puis un histoire de poulets se succèdent.

Un conseil, make your own mind... la compo jouée à l'arraché vient secouer une brave dame assoupie sous le soleil.

L'heure du  blanc ( oublie le Muscadet) , tuning oblige, Médor, un caniche mélomane,  étonné de ne plus entendre les guitares, précède, en aboyant,  l'intro ciselée de Chris, à l'arrière un bruit incongru retentit,  la chaise de Fabienne a rendu l'âme, la malheureuse s'étale sur le pavé, coup de bol, sa bière est intacte.

On la ramasse  et le duo  entame un slow  blues tout en arabesques et broderies délicates.

Un coup d'oeil à Swatch, incroyable, ça fait 2 heures qu'ils jouent, le premier  concert  à la salle Georges Brassens doit débuter dans moins de trente minutes, allez, sans attendre une dernière ' Don't start' ,  un  titre bizarre car le concert tonique, donné par deux  gars inspirés,  généreux et talentueux,  se termine.

Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024
Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024
Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024
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6 mai 2024 1 06 /05 /mai /2024 15:38
Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024

 Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024

michel

Jazz ô Château a le chic de nous faire découvrir des pépites, mieux cachées que les perles dans les huîtres, pour ce second soir sous le chapiteau ( sold-out) ce sont  Simon Denizart et Yessaï Karapetian qui ont enchanté un public, à juste titre, enthousiaste.

 Simon Denizart quitte Créteil , son pont sur la Marne, peint par Cézanne, son champion du monde de boxe française, pour s'installer en 2011 à Montréal, où il grave cinq disques aux frontières du jazz,  du classique et de la  world music.

Son dernier effort, 'Piece of Mind' sent encore le talc.

Ce soir, le pianiste  est accompagné par une fine équipe:  le fabuleux Adriano Dos Santos  Tenorio ( un Brésilien installé en Europe)  aux percussions ( une panoplie phénoménale) / Michel Medrano Brindis, né à La Havane, installé au Québec, à la batterie ( si tu en doutais, jette un oeil à son T-shirt "I'm the drummer") / Julien Lafrenière ( Québec)   à la basse cinq cordes.

Pas de setlist en vue, ce qui ne facilite pas les choses pour le compte-rendu.

Une suite pour démarrer le gig, ' Music Box' et ' Piece of Mind', les deux pièces ouvrant le dernier CD.

Si le piano néo-classique joue un rôle important,  les acolytes de Simon  ne font pas de la figuration, loin de là, Adriano aux percussions attire l'attention en maniant avec dextérité clochettes, cymbales à main, une étonnante cymbale d'effet en spirale, des  congas, des agogôs, des chekerés, des  grelots, des  maracas,  des sonnettes et encore une dizaine de gadgets non identifiés.

Julien apporte le groove indispensable aux compositions et plus loin, Michel, qu' Antoine n'a pas réussi à mettre en cage,  se démène comme un lion enragé.

Tu peux accoler les étiquettes hybride, métissé, aventureux, post prog, visionnaire,   à ce jazz à la puissance évocatrice indéniable.

Difficile de tracer des points de comparaison: Weather Report, Return to Forever, le Keith Jarrett Trio , le Brad Mehldau Trio, peuvent être avancés.

' Love on the trail'  est amorcé par un piano lyrique, proche des compositions de Debussy, quand les autres rappliquent, la locomotive s'emballe pour nous conduire vers un final dramatique. 

De temps en temps,  Simon vient tripoter les entrailles du piano, dans lequel il a placé un micro pour produire des sons synthétiques.

Fingersnaps, suivis de one, two, three pour donner le signal de départ d'un morceau vif argent débordant d'écume, l'estran s'est déplacé jusqu'au coeur du bourg.

Pourquoi ' 9 - 4' a questionné la presse canadienne.

C'est simple,  le 94 c'est le Val-de-Marne dont il est originaire.

Vous ne le savez peut-être pas mais j'aurais pu opter pour la carrière de stand-up comedian, d'ailleurs ma prof de piano n'a pas voulu parier un kopeck sur mon avenir de pianiste, résultat je l'ai croisée  il y a peu, du coup  je lui ai vendu un album à 25€.

Comme les plages précédentes, cette dernière offre une structure complexe, bourrée de cassures et de reprises nerveuses.

Si le titre de la  pièce suivante n'a pas été  dévoilé, on peut te dire  qu'il s'agissait d'un morceau tendu  filant vers un paroxysme violent.

Le solo de  Michel Medrano Brindis a tenu la salle en haleine, le clin d'oeil final, où il s'est mis à chanter Guantanamera a beaucoup plu à Joe Dassin.

Après un rondo ponctué par un solo de basse aux sonorités caverneuses  vient l'instant pub,  puis la dernière plage du set, lente et concise,   '35 years of mistakes' et son intro symboliste.

Après les saluts et photos d'usage, le public, debout, exige un rappel,  un dernier morceau, tortueux, décoré d'effets électro viendra ponctuer un set en tous points remarquable.

Il y avait file à la table de merch où Simon dédicaçait  sa marchandise.

Après avoir démonté le matériel du néo-Québecois et  installé celui d'  Yessaï Karapetian, la pendule indique 22:35'.

 Yessaï Karapetian naît en Arménie, à Yerevan,  mais  cabote désormais entre Paris et New-York.

Le premier album du pianiste surdoué, 'Yessaï' paraît en 2022, un successeur 'Ker U Sus' voit le jour en 2023.

Ce soir, Yessaï est accompagné par  le jeune David Paycha à la batterie,  Damien Varaillon à la contrebasse et par un duo de flûtistes, venus en droite ligne de Yerevan: Norayr Gapoyan au duduk, pku ou zurna   et Avag Margaryan au blul ou zurna. 

 Comme pour le concert précédent, aucune setlist n'est visible. Encore plus contrariant pour décortiquer  le concert, Yessaï a pris le parti d'interpréter six pièces d'affilée sans mentionner un titre.

Ce qui paraissait assommant de prime abord, s'est avéré finalement logique, quand l'Orchestre Philharmonique de n'importe où s'attaque à la Symphonie n°2 de Sibelius, tu ne dois pas t'attendre à des pauses,  ni à une énumération de titres.  

Dans une atmosphère de recueillement, le pianiste secondé par la flûte arménienne, étouffée, d' Avag Margaryan entame le récital, lorsque la contrebasse, la batterie et Norayr Gapoyan entrent dans la danse, la composition prend de l'ampleur.

Puis tout se calme, le piano propose une broderie en points arméniens, le blul oblique s'infiltre dans ce jazz avant-garde pour y apporter des touches folkloriques, les drums et la contrebasse tapissant un fond rondo qu'on ne baptisera pas à la Turk,  pour ne pas heurter les sensibilités. 

Ce mariage de modernité et de traditions peut surprendre,  mais très vite le crâne adhère au propos et vibre en conséquence.

La première plage, méandreuse,  paraissait être arrivée à son terme, le piano l'avait mouchetée d'une morne  plainte,  bien aidé par le duduk de Norayr, tu t'attendais à un mot explicatif, nada!

Le voyage se poursuit sans aucun arrêt en gare, du coup,  ton esprit te renvoie des images du concert du Maria Schneider Orchestra à Brosella, c'était en 2008, là aussi les compositions allongées dépassaient les trente minutes.

Un nouveau mouvement, proche de l'univers de Michel Legrand est amorcé, frénésie et langueur se succèdent, tu jettes un oeil  autour de toi, personne ne s'est assoupi, l'attention est extrême, visiblement le voyage fascine.

45' se sont écoulées, le piano a repris la route pour proposer un requiem, rythmé par de timides coups de baguettes. Malgré le côté vaguement  intellectuel et désarmant   des compositions , elles engendrent un flot d' émotions diverses et permettent à ton cerveau de créer son propre film.

Après une heure de lecture musicale sans aucune pause, Yessaï se saisit du micro, annonce une danse arménienne ( Tamzara?)   et un invité: Adriano Dos Santos  Tenorio, comme celui-ci était dans le coin ( forcément il y a  75' il était sur la même scène),  il a accepté de se joindre  au quintet pour quelques titres dont cette fameuse danse.

Pour permettre à l'assistance d'admirer la dextérité du Brésilien aux congas, les flûtistes font un pas de côté. 

Le morceau virevoltant et propice à la méditation aurait pu inspirer les derviches tourneurs, car les Bretons, habitués à danser la gavotte, se sentaient un peu perdus.

Après les remerciements surtout destinés à la nouvelle présidente de l'association, Yessaï Karapetian propose une dernière tirade à l'amorce lugubre.

La marche funèbre, dans un second temps,  fera place à  une tarentelle débridée et exubérante, une ultime cassure et l'outro au piano viendront  achever un concert mémorable.

Malgré nos applaudissements nourris et nos suppliques, ils ne reviendront pas.

Il est minuit, le public quitte les lieux  en se promettant de revenir l'an prochain, car la programmation de Jazz ô Château  réserve toujours d'agréables surprises!

 

 

 

Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024
Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024
Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024
Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024
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5 mai 2024 7 05 /05 /mai /2024 12:30
Levitation Free lors de la session live.de Radio Activ' à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 mai 2024

Levitation Free lors de la session live.de Radio Activ' à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 mai 2024

NoPo

(PHOTOS NOELLE)

LEVITATION FREE - Session Live Radioactiv' le 02/05/2024 à Bonjour Minuit

La session Live, y'a pas assez de mois sonnés dans l'année pour ça!
D'autant que les artistes présents aujourd'hui auraient dû l'être l'année dernière, si la tempête Ciaran avait bien voulu décaler son passage.
Radioactiv' et surtout son émetteur en sont restés soufflés.
Mais Marcus, l'animateur radio, nous rassure, ENEDIS cute pas mais ne se presse pas non plus pour brancher, sur le réseau électrique, le nouvel appareil (de compète on l'espère).
Bref, n'y pensons plus, 'Ne jamais dire jamais!', on est là pour l'éviter (ahaa)!

Depuis 2014, Sébastien Jamet se spécialise dans Levitation Free, publiant 2 EPs, 'The world is in your hands' en 2018 (passé en boucle sur Radioactiv') et 'When Your Sun Goes Down' en 2022 (auquel on ne demande pas de la boucler!).
Sur scène, il ramène sa guitare et de vraies pointures :
Marie Herbault (SBRBS) à la basse et aux chœurs, Thomas Kerbrat à la batterie (Pandapendu, No Pain No Pain, Tiger and the Homertons, JFK...) et Robin Chevalier (Radio Bandit/Agav, Les Filles & Christopher) aux claviers.

Après quelques effets spéciaux, entrée en fanfare avec le morceau aux bulles cosmiques 'Levitation free' et Sébastien y va déjà de sa première apnée dans un public nourri (abreuvé aussi on est côté bar quand même).
Orchestration remarquable, comprenant un balancement au synthé et les chœurs vivifiants de Marie, quoi de mieux que cette présentation comme un coucher de soleil ondoyant sur la mer? Onirique non?
Etonnamment, leurs sonorités scintillantes me font penser à Barclay James Harvest (à sa grande époque hein!).

Des voix, toniques, entremêlées lancent le titre en forme de tube imparable 'When your sun goes down'.
Si t'as mal à la tête, écoute ça et les endorphines, loin de t'endormir, vont faire leur effet!
Autour de nous, ça balance pas mal à Saint-Brieuc, ça dodeline, voir ça chante 'Ahaha...'.
Thomas, placé à l'avant scène, laisse ses baguettes débouler comme la marée montante venant lécher le sable chaud... Onirique, on vous dit!
Comparativement, la placidité de Robin équivaut à l'enthousiasme de Sébastien et qui, libre, parcourt chaque cm² de la salle...

'Comment ça va BJM?' Tout le monde est chaud!
L'espèce de ballade 'Little lola' ralentit un peu l'effervescence mais, tout en planant, te plonge dans un spa décontractant.
Discrète en fond de scène, Marie, veste rouge SBRBS, nous dévoile une voix angélique.

Robin égrène les premières notes célestes de 'The one' pendant que le chanteur, accroupi, fait descendre quelques sons des astres sur sa pédale d'effets.
Le morceau, enjôleur, livre une véritable déclaration d'amour... nous aussi on vous aime!
Plein milieu, l'orchestration se réduit à une réverbération puis la basse rebondit sur les frappes insistantes et métronomiques vers un final prolongé éblouissant.

Sébastien confie être en création de nouveaux morceaux ... On veut entendre.
Ok, voilà des battements à la guitare, cordes plaquées, pour 'Everybody knows' répété à l'envi tout au long de la composition qui repeint les méninges de bonheur.
'Muchas gracias amigos. Elle sera, inch allah, sur le nouvel album'.

Robin sort du bois avec une guitare électrique à l'arpège cristallin et accrocheur, encore un nouveau titre avec 'Cotton baby'.
Le morceau, court, déroule sur un rythme marqué et répétitif, dans une ambiance joyeuse qui donne en vie de bouger.
Ce qui frappe chez Levitation Free, ce sont ses harmonies léchées et atmosphériques.

Intarissable Sébastien : 'Y'en a qui roulent vers l'océan, un petit coucher de soleil se prépare bientôt!'

"On va changer nos habitudes, on fera l'interview à la fin" avait dit Marcus.
Ah ben macache, le facétieux guitariste, qu'a rien écouté, s'arrête après le 5è morceau : 'C'est l'interview... non c'est pas l'interview Marco?'.
'Si tu m'appelles Marco, ça va pas le faire' mais le pro sait s'adapter.

Interview où l'on apprend que le premier EP présentait une photo d'un ancien hôtel délabré à Robien 'Le tout va bien!', prise par Sébastien lui-même.
On rappelle aussi leur session Covid à Art-Rock 2020!
Des résidences à Bonjour Minuit et La Grande Ourse pour finaliser le 'camaïeu' de nouvelles musiques composées en studio et retravaillées avec l'arrangeur Jeremy Rasha(?) à Annecy.
Un nouveau disque devrait voir le jour mais ça coûte cher en autoproduction, or c'est le leader qui 'régale' (sic).
Pour l'actualité live, 'Folies en baie' à Hillion cet été avant Yannick Noah (avec ou sans chaussettes (sic)!) et Aromatic à Fréhel.

Avant, reprise des hostilités, un petit coucou à Maman dans la salle et un gros flou sur la mise à jour des réseaux supposée faite par Robin qui n'a pas les codes!!

'Apocalypse mind' relance la sauce avec une grosse basse bien saturée.
Après un démarrage aux clavier/guitare mélancoliques les premières minutes, l'accélération rythmique se ressent dans le corps.
Retour au calme, puis une boucle au clavier enflamme l'instrumentation qui tournoie bien haut.

'Potentiellement, la dernière musique', c'est alors qu'un grondement psychédélique s'élève au dessus des roulements de la batterie.
Le chant aigu se laisse aspirer jusqu'à devenir translucide dès l'entrée dans 'Paranoïa'.
Puis après un flottement, la guitare, aux échos orientaux, s'envole devant un vrombissement et le morceau atteint son sommet de sérénité.
Enfin, c'est l'explosion et Sébastien tente de surprendre Robin, en arrivant dans son dos, mais rien ne perturbe le chevelu... plus cool, tu meurs!

Il reste du temps, 'Une p'tite dernière? On retourne à la première, l'hymne Levitation free' avec passage quasi a capella et une conclusion qui donne l'occasion à Sébastien de se promener parmi les spectateurs, guitare brandie tel un étendard.

Une heure magique :
une pureté dream pop, inspirée, et surtout pas sirupeuse, qui semble si facile et pourtant... la simplicité, c'est compliqué!

SETLIST
1-Levitation Free
2-When your sun goes down
3-Little Lola
4-Everybody knows
5-Cotton baby

6-Apocalypse mind
7-Paranoïa

Reprises:
Levitation free

Le podcat : https://www.radio-activ.com/index.php/2024/05/03/la-session-live-levitat...

 

Levitation Free lors de la session live.de Radio Activ' à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 mai 2024
Levitation Free lors de la session live.de Radio Activ' à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 mai 2024
Levitation Free lors de la session live.de Radio Activ' à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 2 mai 2024
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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 13:08
Jazz Ô Jardin - Singing In The Rennes- Château de Pommorio, Tréveneuc, le 3 mai 2024

 Jazz Ô Jardin - Singing In The Rennes- Château de Pommorio, Tréveneuc, le 3 mai 2024

michel

 

Après une série de hors-d'oeuvre,  plus appétissants les uns que les autres, les choses sérieuses, programmées par Jazz ô Château,  débutent en ce vendredi 3 mai.

Météo capricieuse! 

Après une averse brusque et une danse bien frappée  des cirrus spissatus , le soleil est revenu dans les jardins du magnifique Château de Pommorio qui accueille Singing in the Rennes ( sans Gene Kelly ou Debbie Reynolds,  car il s'agit d'une pointe d'humour bretillien), avec une petite vingtaine de minutes  de retard sur le programme annoncé.

En avril 2022, le trio était passé dans des conditions pas vraiment idéales aux  Barriques sur Pattes ( cf chronique) , ce soir les conjonctures leur seront favorables. 

Les acteurs se nomment toujours Jean-Baptiste Rannou, saxophone,  Léo Debroise, contrebasse   et Rafael Tintaya, guitare sèche et chant, leur jazz soyeux incarne  la combinaison idéale pour profiter du soleil, du vin frais, du homard à la mode Sharif, des coquilles ou des huitres et se laisser bercer aux sonorités de standards jazz , de chansons françaises de qualité ou de canciónes en provenance d'España ,sans transiter par le Maroc, comme les crevettes de la mer du Nord.

Après une courte allocution de la présidente de l'association, indiquant que le concert du soir affiche complet, Singing in the Rennes démarre son aubade avec la magnifique chanson de Claude Nougaro, 'Cécile, ma fille'.

Nougaro, le jazz, il connaît, la java aussi, tu rétorqueras , la version des Rennais respecte l'original même si l'orgue est remplacé par le sax suave de Jean- Baptiste , un copain de Daniel Lanois.

Douceur et tendresse au menu, donc, il n'en faut pas plus pour t'emmener au paradis, c'est justement cette direction qu'ils ont décidé de suivre avec la suivante, 'Cheek to Cheek'.

Un instant de panique, madame avance  ' On danse', t'as décliné l'offre, tu n'avais bu qu'une mousse.

Après un démarrage in a mellow tone, le morceau vire swing, une voisine, sous le charme, s'essaye aux fingersnaps.

C'est le saxophone qui introduit une version chantée de 'Take Five' , suivie par le chaloupé 'Porque te vas' de Jeanette. 

'Dinette' de Django Reinhardt est chantonné en sourdine, il se fond dans 'Petite fleur' .

Trop tard pour le muguet, Sidney!

Il paraît que 'It don't mean a thing ( if it ain't got that swing) composé par Duke Ellington lui a été inspiré par une remarque sempiternellement  répétée   par son trompettiste  Bubber Miley.

On a voulu appelé Bubber sur son portable pour lui dire qu'ici le swing était bien présent, une voix nous a annoncé " ce numéro n'est plus attribué".

Alain Souchon, 'La vie ne vaut rien' servi dans une pochette jazz,  c'est esthétique.

Le premier set prend fin avec 'How deep is the ocean' composé par Irving Berlin en 1932.

Pause boisson et second acte.

Il débute par un doublé Georges Brassens: ' Je me suis fait tout petit' / et le canaille ' L'orage'.

Le bluesy ' After you've gone' de Turner Layton et  Henry Creamer a été repris par tout ce que le jazz connaît comme gens influents, la version proposée par Singing in the Rennes tenait le haut du pavé.

Rafael décide de terminer la prestation par une trilogie hispanique,  en commençant par le boléro ' Dos gardenias', suivi par le profond  ' Me quedo contigo'  et s'achever sur une rumba  arabo andalouse mouvementée, à rapprocher de l'univers des Gipsy Kings.

Après ce set varié et coloré, un bis s'impose!

Ce sera  ' Jardin d'hiver', un dernier tube pour Henri Salvador, qui,   comme un souffle léger  faisant frissonner les robes à fleur et les cheveux bouclés,  a ravi une assistance éblouie.

Jazz Ô Jardin - Singing In The Rennes- Château de Pommorio, Tréveneuc, le 3 mai 2024
Jazz Ô Jardin - Singing In The Rennes- Château de Pommorio, Tréveneuc, le 3 mai 2024
Jazz Ô Jardin - Singing In The Rennes- Château de Pommorio, Tréveneuc, le 3 mai 2024
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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 10:40
FALLEN ALIEN - Filage sortie de résidence à Bonjour Minuit , Saint-Brieuc, le 2 mai 2024

FALLEN ALIEN - Filage sortie de résidence à Bonjour Minuit , Saint-Brieuc, le 2 mai 2024

NoPo

Accompagnés conjointement par Art Rock et Bonjour Minuit, Fallen Alien peut tenir solidement debout.
La fratrie (des autodidactes, à ne pas confondre avec automates, c'est pas la saison!) vient de Fréhel, oui Côtes d'Armor, et ils risquent bien de passer un cap (ahaa)! Le cap oral (ahaa bis)?
On peut se le demander tant leur prestation s'assoit sur les capacités vocales et les textes de Colline (Cole).
Attention, cette trame reste superbement mise en valeur par la musique de Clément, tous deux accompagnés sur scène par Nicolas et Clément (le second).

Le duo se réclame d'influence shoegaze britonne des nineties et, plus récemment, de FKA Twigs et plus particulièrement son 'Fallen Alien' justement en 2019.
Ils nous confient aussi avoir beaucoup écouté Kae(Kate) Tempest et son album 'The Book of Traps and Lessons' de la même année.
On parle donc de post dub step et de poésie spoken words... (moi qui décrivait naïvement leur style comme du hip hop électro mélancolique ou du trip hop, mentionné dans les documents de presse)!
Bref, les cases, c'est fait pour en sortir... ou en perdre au fil de l'eau...

Quant aux textes, car on peut parler de vrais textes qui peuvent noircir plusieurs pages, ils traitent de sujets universels partant d'un niveau microscopique dans le jardin et transposés à l'échelle macroscopique du monde.
C'est à dire? C'est à dire des univers fictifs, le rapport au pouvoir, l'écologie etc. etc. etc. La vie de tous les jours quoi!
D'ailleurs, leur premier disque s'appelle 'The story of powers and scales'. Ce projet murit depuis 4 ans (mais les frère/sœur se connaissent depuis... leur plus tendre enfance!).

Nous voici donc dans la grande et superbe salle de Bonjour Minuit.
On sent les musiciens tendus, c'est leur première ensemble et le nombre limité d'auditeurs-spectateurs fait l'effet d'un passage d'examen (ben oui, l'oral ahaa).
La scène parait grande pour les 4 musiciens :
- batterie à notre gauche,
- basse et séquenceur, à droite de la gauche (?),
- Guitare à notre droite avec un synthé et un piano électrique (en même temps, j'ai fait des photos, vous allez mieux comprendre!).

Colline, assez charismatique, prend l'espace en passant du piano, au synthé et en venant souvent à l'avant pour souffler sa voix dans le micro et se balader avec.
De la voix? Oui, elle alterne entre parlé grave et chant très aérien. Ce grand écart s'harmonise parfaitement avec les lignes instrumentales peu classiques.
Une musique originale qui nécessite de rentrer dans l'ambiance, j'irai même jusqu'à dire dans leur monde, mais une fois que vous y êtes, vous oubliez le reste...

De sombres accords au piano accompagnent parfois l'intro vocale céleste de Colline lorsqu'elle ne se risque pas a capella.
Le synthé séquence des lignes froides et la rythmique passe de l'électro aux peaux que la basse caresse, une cadence carrée dans un cercle musical flou (même free).
Quant Colline se lance en spoken words, on se sent happés. Son frère passe d'arabesques cristallines à la guitare au fil évanescent du synthé.
Les paysages changeants ne permettent pas beaucoup de repères mais on aime s'y perdre.

Je suis incapable d'aller plus loin dans les détails, il faudra s'y replonger. L'instant fût magique et les musiciens simplement 'classe'.
Finalement, les fréhelois (pas si frêles!) passent leur examen haut la main (et haut la voix aussi!), il n'y a plus qu'à confirmer par une mention le samedi 18 Mai sur la scène B d'Art Rock à 21H30.

 

Photo de groupe de gauche à droite :
Nicolas (basse, synthé), Hélène Dubois (Directrice programmation Bonjour Minuit), Clément (guitare, synthé), Clément (batterie), Colline (chant, synthé, piano), Carol Meyer (Directrice Art-Rock), Muriel Jacquemin (communication Bonjour Minuit)

SET LIST
1- A curious days
2- Topias
3- Dialogue
4- Can't promise I won't try
5- Measured breath
6- Same faults, different scales
7- Nevermind the end

@fallnalien

FALLEN ALIEN - Filage sortie de résidence à Bonjour Minuit , Saint-Brieuc, le 2 mai 2024
FALLEN ALIEN - Filage sortie de résidence à Bonjour Minuit , Saint-Brieuc, le 2 mai 2024
FALLEN ALIEN - Filage sortie de résidence à Bonjour Minuit , Saint-Brieuc, le 2 mai 2024
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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 17:19
Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024

 Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024

michel

Une semaine après le concert mémorable des Animals, La Grande Ourse accueille un autre géant , à peine plus jeune, toujours en provenance du UK: Wishbone Ash .

Le groupe de Torquay, né en 1969, est un des  premiers à avoir utilisé le concept des twin lead guitars.

A 21h, une foule drue peuple la belle salle de Saint-Agathon , un homme sort des coulisses: Paul Cowley.

Si le gars a vu le jour à Birmingham ( au UK , pas la ville chantée par Randy Newman), il réside depuis près de 15 ans dans le Morbihan, il a gardé une pointe d'accent britannique, qui fait toujours sourire la boulangère de son village.

A son actif, huit albums d'acoustic blues,  plus proche de Taj Mahal, de Mississippi John Hurt, d'Eric Bibb   ou de Ian Siegal, quand il se met à l'acoustique,  que de Popa Chubby ou de Danny Bryant.

Comme bagage, il  a emmené deux guitares, une acoustique et une resonator guitar.

Bonswar tout le monde, je m'appelle Paul Cowley, je vis à Allaire, c'est dans le Morbihan.

Il débute en balançant des accords ciselés  sur le dobro, qu'il accompagne d'un murmure harmonieux.

Le morceau ( Simple Life) prend une autre voie quand d'un pied il enfonce une stompbox pour rythmer la mélodie.

La liste de ses girlfriends défile  , il y a eu Jean, Tracey, Grace... tout en énumérant ses conquêtes , la slide glisse sur les cordes. Au bout du compte il semble avoir déniché  la bonne... she was the one for me..  ai oublié son nom, mais c'était pas Marine.

Son jeu en picking  et sa voix évoquent le grand Richard Thompson, c'est sûr,  Paul Cowley n'est pas un donkey.

Il poursuit avec un second country blues , toujours habilement fignolé ( bottleneck et arpèges s'accordent subtilement), la voix  attachante, légèrement nasillarde , se fond sur les accords de guitare.

Il y a quatorze ans, il prospectait en Bretagne, il tombe amoureux  d'une vieille maison aux volets bleus, un hic majeur, le montant pour la remettre en état dépassait largement ses moyens, il en reste tout de même une chanson.

'Maison Bleue' s'entend sur l'album 'Close to you'  de 2013 ( PS , le cottage ne niche pas à San Francisco, Maxime).

Il enchaîne sur 'On my way', un titre évoquant, par son côté nonchalant, un certain J J Cale,  qui n'a pas été surnommé The Breeze pour rien.

L'autobiographique 'One way ticket'  précède le plus ancien  'Don't need too much' pour lequel La Grande Ourse est mise à contribution, le refrain et les claps sont pour vous, guys!

Il a suivi les conseils de la maman de Lynyrd Skynyrd.... be a simple man.... ne fais pas de cinéma, sois honnête...

Le mélodieux 'Red fence'  t'invitant à contempler le ciel en position assise, près de la clôture tout en sirotant un café, ( une philosophie épicurienne) achève ce concert hautement apprécié . 

Wishbone Ash

31 octobre 1971, au Wolu Shopping Center ( Bruxelles), T Rex était prévu comme tête d'affiche, le groupe de Marc Bolan fait faux bond, c'est Wishbone Ash  qui vient de sortir ' Pilgrimage' qui succédera à Pete Brown and Piblokto, Warhorse ( de Nick Simper) et  Lagger Blues Machine ( les locaux) , sans oublier  une alerte à la bombe qui  a obligé la nombreuse assistance  à quitter les lieux pendant un moment,  qui  clôture la soirée.

Une gifle monumentale, dès le lendemain tu cours acheter l'album.

53 ans plus tard, Wishbone Ash est toujours là; mais la mouture est différente: Andy Powell , Ted Turner, Martin Turner et  Steve Upton étaient sur scène à Bruxelles, en 2024, le line-up se lit: Andy Powell – guitar, vocals /     Bob Skeat – bass, backing vocals/     le formidable,  Mark Abrahams – guitar   et Mike Truscott – drums.

Bob Skeat a pas mal roulé sa bosse, il est cité, e a,  chez Gilbert O'Sullivan, Toyah Willcox, Colin Blunstone,  Stéphanie de  Monaco ou  Russ Ballard.

Mark Abrahams a joué chez Coyote et a tourné aux côtés de Walter Trout.

Le dernier arrivé, Mike Truscott,  a fait partie, tout comme Mark, du groupe Coyote.

Une bande son annonce l'arrivée du groupe,  dès l'entame,  les deux guitares s'enflamment sur  l'instrumental qui lance le concert 'Real guitars have wings' , jamais titre n'a mieux porté son nom.

Andy: raise your hands, Saint-Agathon!

Des centaines de paluches s'élèvent vers le plafond et des cris d'enthousiasmes fusent de partout.

Ils enchaînent sur 'We stand as one ' qui ouvre l'album 'Coat of Arms'  de  2020, un hymne prog rock, mixant énergie et éléments planants.

Les deux guitares excellent, Mike frappe juste et fort et le souriant Bob bétonne l'ensemble.

Sur 'Argus' :  ' The king will come ' qui avec ses accents folky viennent nous secouer  de la tête au pied. Mark Abrahams hante la wah wah, Andy répond en souriant,  pendant plus de huit minutes, le roi   fait le tour des troupes.

'Warrior'  son intro raffinée et 'Throw down the sword' , se succèdent comme sur l'album ,  la montée en puissance et la force épique de ces compositions touchent au génie.

Le public ne s'y trompe pas et réagit en conséquence.

Anecdote, lors d'un de leurs shows à Austin, un vendeur de sandwiches  est abattu par un client excédé, le triste fait divers leur a inspiré ' Rock 'n 'Roll widow'  qui voit Mark Abrahams  manier, avec brio, une lap steel guitar, transformant ce titre en Southern rock  sinueux.

La setlist annonçait 'Ballad of the beacon', pas sûr que le titre ait été joué, par contre après avoir lancé I hope you like the blues, c'est bien ' Baby what you want me to do' de Jimmy Reed  qui fuse.

Les guitares s'en donnent à coeur joie, tandis que la rythmique imprime le classique twelve bar tempo.

Une grosse claque,  suivie par  l'instrumental 'The Pilgrim'  , conçu pour tous ceux qui se rendent à Saint-Jacques de Compostelle.

Détail croustillant, Andy Powell a failli se faire lyncher après avoir questionné  le public ' Are we still in Normandy?".

A l'arrière, Mike s'est levé pour marteler ses cymbales à l'aide de maillets feutrés., il opte pour la position assise dès que le morceau commence à s'énerver sérieusement, c'est là que Bob et Andy entament la partie chantonnée,  avant le final phénoménal.

Sur la lancée, 'Blowin free'  souffle un vent frais sur la plaine, Bob et Andy entament un ballet à faire pâlir Francis Rossi (  c'est pas le cousin de Tino)  et Rick Parfitt, c'est  à Mike qu'échoit l'honneur de terminer le morceau.

Tu l'attendais, voici l'incroyable ' Jailbait' ... I'm wondering why your face no longer shines...  le visage de ton voisin s'est plus que légèrement empourpré quand Bob a pointé sa basse à 5 cm de son nez, heureusement pas aussi allongé que celui de Cyrano.

La salle est en ébullition et la messe n'est pas encore dite.

Un jeune homme est venu murmuré un message à Bob, qui joue les intermédiaires auprès d'Andy.

Signe de tête affirmatif, we've got a request, 'Sometime world' , une ballade à écouter sur 'Argus'.

Sympa du groupe d'avoir fait une entorse au menu.

Du coup pas de 'Lady Whiskey' au programme , c'est avec le monumental ' Phoenix', en pensant à l'Ukraine, à Gaza et à toutes les régions où sévit la guerre ( le phénix renaît de ses cendres, comme tu le sais), que s'achève un  concert fastueux.

 

Le public a applaudi à tout rompre, pas une âme ne songe à quitter le navire , pour éviter l'émeute, Wishbone Ash revient  et propose ' Living proof'  aux relents The Who et enfin l'instrumental éthéré  'Peace' !

 

A l'argus, la cote de Wishbone Ash est au plus haut , nettement supérieure en tout cas à celle de modèles plus récents,  polluant à l'électricité!

 

Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
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16 avril 2024 2 16 /04 /avril /2024 07:28
Pandapendu et bou à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024

 Pandapendu et bou  à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024

michel

 

Pour célébrer la sortie de son premier album,  'Satellites' , le panda qui a quitté les forêts de l'Himalaya pour se pendre dans les Côtes d'Armor, a investi, avec ses petits copains, le club de Bonjour Minuit. 

Ambiance zoo en folie place Nina Simone, d'autant plus que le support, bou, avait emmené une belle bande de  partisans presque aussi allumés qu'eux.

bou: une rime?

mou, raté! doux, à côté! roux, peroxydé mais pas roux ! saoul, trop tôt! flou, enlève le l....

Avant la prestation du combo, basé à Rennes avec des transfuges briochins, on jette un oeil  à l'imposant  barda déployé sur scène, outre les instruments traditionnels, tu contemples une batterie de casseroles, des fleurs, pas arrosées, et des  coeurs en  carton , soit un décor Bonhommet et Tilapin ou Club Dorothée, selon la chaîne choisie.

Ils sont cinq, jouent tous de tous les instruments ( guitares, basse, keys, drums, shakers, wood-blocks, claves, tambourins et marmites) et chantent, soit en harmonie, soit à tour de rôle.

Ils disent s'appeler  Blaize, Go, Léonard, Atide et Illy!

Il semblerait que leur identité véritable sonne, dans le désordre,  Philémon Hummel, Mathilde Hamon, Hugo Ablain, Basile Tuauden et Lény Roiné. 

On trouve la trace de certains d'entre eux chez, e a,  Ebel Elektrik, Ihris, Off Swing Quintet, Hola Laurel, Mansion's Cellar,  Catherine Baseball, Don Dias....

L'an dernier ils ont enregistré un cinq titres, un petit frère ( ou une petite soeur) doit naître en mai.

Genre?

Il le qualifie d'art absurde, dans ce melting-pot tu trouves: du baroque pop, du hip hop,  du post disco, du rock choral, des touches de mainstream, de la transe, du noise, un brin de kraut et des tonnes d'humour!

Sur les papiers gisant sur le sol tu lis 'Costellax' comme titre du premier morceau, tu ignores s'il s'agit d'un laxatif, d'un enfant non reconnu d'Elvis Costello, d'une ville des Alpes-de-Haute-Provence ou  d'un héros de série télévisée, ce que tu sais par contre, c'est que ce morceau élastique passe par différents mouvements. Démarrage sautillant et frais,virage prog, improvisations dada, tu peux penser à Weezer, ayant flirté avec les Breeders, aux Mothers of Invention se tapant une choucroute avec  les B52's .

Seconde plage après un jeu de chaise musicale, tout le monde change de place et de jouet, 'Do you wanna talk about your sister'  est lancé, ce morceau tonique évoque Arcade Fire.

Une intro nippone amorce ' Kamloops'  au chant, scandé et saccadé, reposant sur des boucles enroulées autour de percussions tribales puis vient le virage hip hop. Pas facile de les suivre dans leur trip chaotique ne manquant pas d'intérêt.

Quoi, , Adèle?

Ce truc déchire!

D'accord!

Avec ' Don't restrain' ils nous balancent une nouvelle plage montagne russe pleine d'écume.

Si tu dois gerber, Carole, évite de le faire sur mes pompes, cirées ce matin. 

Sont aussi dingues que Freak It Out, vus à Langueux!

'Family Dish' débute sur fond de rengaine enfantine , le morceau vire noise , Blaize,  mordu par un scorpion amené par le sable du Sahara, se pique d'une crise d'épilepsie, il vient se coucher sur la loop station d'un des guitaristes, du coup, toute la troupe enchaîne sur un hymne, en forme de valse,  à la gloire de Saint Brilleux, une ville plus briante que Saint-Nazaire, un vrai désert.

'All is as it should be'  marie pop à la Maria Carey  et final tribal à rendre fou Carlos Santana et sa clique.

Par contre on se demande ce que l'ami Pierrot venait faire au clair de la lune.

Vachement déconcertant, leur cocktail! 

'No City' , ses sirènes et ses manifs d'étudiants, précède la dernière du set ( après un signe de l'organisation) ,  un midtempo presque classique  prévu pour le prochain EP!

Un set malicieux, non dépourvu d'intérêt! 

Pandapendu.

Tu vois un rapport entre Pandapendu, Aya Nakamura, Thérèse, Makoto San et Kazy Lambist?

Sont tous casernés dans le même jardin zoologique? 

Faux, sont tous dans la playlist de Phenixwebzine!

Donc après l'EP éponyme, sorti en janvier 2022, Yann Ollivier  revient avec un premier full album: "Satellites", toujours épaulé à l'écriture par Maxwell Farrington, comme lui un père Noël à ses heures perdues,  et produit par un autre pote,  Elouan Jégat, membre, au même titre que Yann, du regretté Thomas Howard Memorial.  

Depuis la dernière fois où tu les as croisés, l'équipe n'a pas changé, le coach est satisfait de leur tenue sur le terrain: Yann Ollivier ( chant, guitare, mellotron) ,  Thomas Kerbrat ( batterie, programming)  et  Gregory Perrochon ( basse)  se pointent vers 22:20' sous les vivats d'une foule acquise à la cause du panda.

Thomas, de ses doigts agiles, manie les boutons du sampler et balance l'intro du mélodieux  ' Vaporise' .

La voix veloutée du barbu, le drumming précis et radieux de Thomas, la basse caressante de Greg, tout s'emboîte à merveille pour faire de 'Vaporise' un exemple parfait de dream pop finement fignolée.

'L'Ange'  a la peau douce, tout le monde le sait.

Après ce midtempo céleste vient 'Fajitos et Parasol' , encore plus délicat qu'une brise printanière .

Un éloge au farniente où le seul effort autorisé est de tendre la main pour saisir le mojito qui traîne sur une table à l'ombre du parasol.

Elle est pas belle la vie?

Mais oui, Richard, on est bien là!

Lignes de basse Peter Hook,  sans crochet,  pour introduire le tube 'Ruskof' . Yann est passé derrière le mellotron, on le suit ,  dans l'idée de voler le soleil, car si au Qatar on ensemence les nuages pour produire de la pluie, en Bretagne on préfère le soleil.

Une mute trumpet invisible et un drumpad bien caché  amorcent ' Falling in love with you' , un titre à la cool qui pulse élégamment  et atteint le niveau des productions de Vampire Weekend ou de Tame Impala.

Yann, très à l'aise, se paye une promenade de santé dans le public, Gregory et Thomas,  détendus,   sourient.

Bonjour Minuit, ready for the ' Pyjama' party?

Le refrain addictif et faussement naïf  ... Mais oui, je sais, que je suis en pyjama et qui le sait que ce soir je dors dans mes bras. Mais oui, je sais que je suis en pyjama,  l'envie froissée, cocooning avec mon panda... est repris par tous  les gosses,  de 6 à 70 ans, présents dans la salle .

C'est comme le fou rire,  irrépressible!

Si Voulzy a fait un tabac avec 'Le coeur grenadine' ,  Pandapendu  devrait cartonner avec ' Pyjama'.

' Surrender', et ses flagrances trip hop,  sera le morceau le plus sombre du set mais pas le moins apprécié.

'Summertime', ou l'été sans les Indiens, fait dans la synth pop soyeuse, t'invitant à danser un slow, en bermuda, avec une fille bronzée,  corps athlétique, ventre plat et  dents blanches.

Mais fais gaffe car les bébés requins peuvent dévorer le coeur des jeunes présomptueux !

La basse new wave de Greg donne le ton sur 'My tragi-comic mystery', Thomas, tout en tapotant ses caisses,  manie l'échantillonneur, qui balance  des sonorités typiquement Factory , années 80, Yann plane, de là haut, il survole Manchester.

Sur l'album ' Le Pire' est chanté en duo avec Maxwell Farrington, il n'est pas présent ce soir, cela n'empêche pas le morceau de tournoyer joyeusement.

'Le minois ' nous renvoie vers une époque lointaine, celle où Alain Chamfort  chantait ' Bambou' ou 'Manureva'.

Grâce, frivolité  et  souplesse, un trio gagnant!

Toujours en mode pop rêveuse, 'Paris-Londres', son chant synthétique et  ses sonorités éthérées,  renvoie vers des groupes tels que Lush ou les oubliés The Sundays.

'Thanks' suit la même voie, le jeu tout en finesse de Thomas, la basse au groove raffiné de Gregory et le chant murmuré de Yann, bercent  le coeur et apaisent l'esprit , mieux qu'une séance de Qi Gong, tarifiée à 45 €  l'heure.

'Believe it' et sa basse ' Blue Monday' invite à la danse  et c'est avec le titre ' La révérence', aux senteurs Christophe,   que le groupe prend sa retraite.

 

Pandapendu, ce sont des arrangements soignés, des ondulations fluides, une pop solaire et sophistiquée, jouée par trois individus qui ne se prennent pas la tête. 

Tu peux  consommer sans modération, aucun effet indésirable à craindre sauf, peut-être,  un risque d'addiction!

 

 

Pandapendu et bou à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024
Pandapendu et bou à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024
Pandapendu et bou à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024
Pandapendu et bou à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 avril 2024
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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 09:38
Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024

 Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume  à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024

michel

 L'association Arsen'Ic à Binic a pour but  d’aider les créateurs à réaliser leurs projets, de la création à la diffusion, dans les domaines de l’audiovisuel  de la musique, et de l’événementiel.

Elle a fait la une de la presse locale pour l'organisation d'un festival de courts-métrages amateurs, cette année encore, si tu te sens une âme de réalisateur, tu peux participer au concours, date limite pour envoyer ton mini-film : le 30 septembre.

En ce premier samedi d'avril, l'association joue sur un autre tableau: l'organisation d'un double concert à l'Estran, le centre culturel de la cité balnéaire.

Les invités, Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume, originaires de la région Rhône/Alpes,  connaissent bien Binic, pour y avoir tourné un court-métrage, suivi d'un gig impromptu au Chaland Qui Passe.

Le concert est annoncé à 19:30, heure à laquelle on dénombre une vingtaine de personnes, dont 15 membres de la famille  d'un des artistes,  dans une salle qui peut accueillir 250 âmes, bien ou mal nées, ça craint!

Heureusement que l'événement est gratuit,  on n'ose imaginer le résultat s'il avait fallu débourser un on deux billets de banque  à l'entrée.

Solution: retarder le moment du kick off et attendre l'éventuelle arrivée d'un peloton de retardataires.

19:50, courte allocution de l'organisation et premier concert: Fleur Sous Bitume!

Ce n'est probablement pas un hasard si Bertrand Blohm, artiste  franco-allemand,  a choisi Fleur sous Bitume comme pseudo, phonétiquement Blume et Blohm sont proches et puis il connaît peut-être la poésie d'Emile Goudeau.....Que t’importent la rose, et l’humble marguerite, et l’insupportable muguet ? Le bitume a des fleurs dont le parfum irrite : va donc m’y cueillir un bouquet....

Ceci dit, ne va pas le comparer à Charlotte Julian,  la fleur de province.

Par contre, Baudelaire, Les Fleurs du Mal, pas mal de rappers le citent comme source d'inspiration.

Le jeune homme, à  la frêle apparence  semble sortir de l'adolescence et pourtant son parcours débute il y a plusieurs années, son premier EP date de novembre 2019, il était précédé de quelques singles.

En principe, Bertrand est accompagné sur scène par le pianiste Armand Cheneval, ce soir la fleur est seule à pousser sur le macadam ( sans penser aux dames de petite vertu, expression désormais surannée).

Après être sorti des coulisses, le garçon ramasse sa guitare acoustique ( ce n'est pas courant du rap joué à la guitare) , s'accorde , égrène quelques notes pour entamer 'Dans le noir', un titre à la poésie nocturne désabusée.

Au bout d'une minute, Simon Tabardel, derrière les manettes du sampler, balance un son soigné  qui vient se greffer sur le  jeu de guitare et la voix.

L'acoustique est délaissée pour la suivante  tout aussi introspective et sentant la déprime, dans sa tête..... des idées noires...  des constats... traquer ...les assassins de rêve...

Tout le set sera constitué de chansons mélancoliques aux couleurs ternes, le gris est dominant

La solitude, le spleen, les doutes, l'indécision, l'impression de vivre dans un monde où tu n'as pas ta place, Bertrand chante tout cela, parfois en mode folk, souvent  sur un flow rap, oui mais du rap romantique, plus proche de Lamartine... L'âme triste est pareille au doux ciel de la nuit. Quand l'astre qui sommeille de la voûte vermeille a fait tomber le bruit... que de Booba ou de Kalash Criminel.

Alternant titres à l'acoustique et flow clair sur bandes enregistrées, il peut évoquer Stromae, dans ses titres les plus intimes ou les plus sombres ( L'enfer), et  Sage Francis, de l'autre côté de l'Atlantique.

'Et à chaque fois qu'on entend l'orage' extrait du dernier l'album ' Organiser le chaos' exhibe  à nouveau sa vulnérabilité et  sa sensibilité exacerbée.

Dans ' J'en veux',  il confesse ...  plus de 40 chansons que je n'ai pas finies... mais il ne veut pas sombrer dans le noir, les étoiles, il les a vues tomber, d'où le constat: ce monde, il n'en veut pas!

On te l'a dit, il n'est pas à sa place dans cette société matérialiste.

100% déprime,  on lui a dit... quand vas-tu trouver un vrai métier, ce que tu chantes n'a pas de sens... ( 'En boucle') et pourtant il se pourrait bien que la prophétie de Gilles Archambault “La vie est impitoyable pour les rêveurs.”, un jour deviendra "Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves" ( merci Eleanor Roosevelt).

Mon père est Allemand, je manie donc la langue de Goethe, aussi je prends la liberté de chanter 'Egoist' de Jeremias.

 Musik für die Seele, a dit Adrianna, elle a vu juste, une très belle ballade folk, un des highlights du set, suivi d'un second titre en allemand, 'Ozean' d' AnnenMayKantereit, beau comme du Ben Howard.

Après une histoire d'oeufs et de mouillettes, il vient interpréter ' Fantôme'  dans la salle où il est rejoint par Simon, le duo embraye sur 'Choisir'  et 'Mon ami' , titre dans lequel pointe une once d'optimisme, pour achever ce set attachant avec 'Petit pot' dont le refrain est repris en choeur par un public sous le charme.

Entracte boisson! 

 

Inversion des rôles, Fleur sous Bitume derrière la console et Simon Tabardel sous les feux de la rampe.

Simon a quitté l'Ardèche pour aller tâter du rap/ hip hop  à Lyon.

En principe il est accompagné par des jazzmen, ce soir la musique de ceux-ci est sur bande.

Là où Bertrand émeut, Simon fonce,  à l'aide de punchlines qui tapent juste: flow fulgurant,  jeux de mots éclairés et  sens du paradoxe, pas de rimes  avec déprime, ni avec frime,   mais plutôt avec  je vis donc je m'exprime! 

Discographie: quelques singles, un EP et un album.

Démarrage sans fond sonore, il jongle avec les mots, nous déclare préférer quand on peut mentir.. un signe vers Bertrand, la bande est lancée, ça tombe bien, il avoue  ... même ma mère est une machine...

Sur scène, le garçon se déplace beaucoup, accompagne son chant d'une gestuelle agitée, se retrouve à genoux, rebondit, pointe du doigt vers le public, bref, il vit ses titres et convainc facilement un auditoire qui vibre au son de ses trouvailles.

Après avoir en vain chercher sa maison dans une ville musée , il nous chante les 'Jonquilles'.  Les jonquilles ne sont pas fleurs bleues, Simon, non plus, son coeur saigne, ses mots cognent.

Jusqu'ici les titres interprétés n'ont  pas été enregistrés, ils ont probablement été baptisés, mais nous n'étions pas à l'église lorsque le prêtre a versé de l'eau sur leur crâne.

En entendant ses textes bien torchés, c 'est à M C Solaar et, dans une moindre mesure, à Orelsan  que tu penses.

T'as aimé l'image de la fille au regard abyssal et l'accompagnement jazzy qui rapproche Simon de Guru Jazzmattaz, un gars ayant travaillé avec des pointures: Courtney Pine, Ronny Jordan ou Carleen Anderson.

Le  brillant '2 secondes'  s'entend sur le mini-album 'Enchanté'  et si un gars affirme ' C'est de la balle, ce truc' , ça signifie que c'est vraiment fort.

Il poursuit avec 'Léviathan' du rap biblique qui pique.

 Bécaud affirme que  la solitude ça n'existe pas, ce n'est pas l'avis de l'Ardéchois, qui pense qu"elle fait des trous dans les baskets.

T'as eu beau creuser, t'as pas vu le rapport, quoique,  près de la gare t'as vu un sans-abri dont les pompes étaient en très mauvais état.

Retour à l'album de 2021 avec ' A mon avis' , plein d' associations, si pas scabreuses, du moins  insolites, ici aussi Stromae  doit être une source d'inspiration.

La bande  envoie un solide solo de trompette et on se dit que ça doit être sympa  d'assister à un concert de Simon accompagné par des musiciens, il n'y aura pas Miles Davis, mais bon, Airelle Besson n'est pas mal.

'Pas grand chose' confirme le goût de Simon pour la Note Bleue, et les fans de Johnny ont noté...  Oh, Marie si tu savais... sinon il y avait aussi Othello et Marc Bolan déguisé en T Rex.

Il enfile sur un rap tendance zouk et achève son  set  éloquent.    Dans la salle, tout en sautillant  il chante l' amour familial et l'importance de l'amitié.

A cinq mètres, Jackie Chan, une figure folklorique  bien connue du Chaland qui Passe  multiplie les interventions  exubérantes, au grand dam d'un monsieur moins jeune qui l'observe d'un oeil réprobateur.

 

En guise de rappel, Simon et Bertrand  entament un ballet chanté, qui a certainement  dû convaincre le maniéré Camille Combal.

 

Le rap n'a pas besoin d'être sexiste pour plaire,  Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume, l'ont bien compris!

 

 

 

Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024
Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024
Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024
Simon Tabardel et Fleur Sous Bitume à L'Estran, Binic, le 6 avril 2024
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